Partir pour mieux revenir
Par Xavier Lord-Giroux
Il y avait toujours un va-et-vient constant devant le secrétariat de l’École Allain St-Cyr. Du lundi au vendredi, les élèves, le personnel, les visiteurs y passaient en grand nombre. Cet achalandage quotidien manque un peu à celle qui occupait le siège derrière ce bureau, tant et si bien que, pendant le confinement, elle travaille devant la fenêtre de son salon, d'où elle peut voir les voitures passer et repasser devant chez elle. Elle trouve un certain réconfort à avoir cette circulation devant elle, bien qu'elle ne puisse remplacer celle des élèves, souriants, qu'elle voit grandir d'année en année.
Originaire de la Mauricie au Québec, Nancy Villemure est déménagée à Yellowknife avec sa famille en 2008 pour un an seulement, s’étaient-ils dit à l’époque. Détentrice d'un diplôme en Protection de la faune, elle a travaillé comme technicienne de la faune, assistante à la protection de la faune ainsi que préposée dans une ZEC et une SÉPAQ sur la Côte Nord, jusqu'à la naissance de son fils. Nancy est retournée aux études et a obtenu son diplôme en gestion financière en 2007. C'est donc d’un poste d'adjointe dans un bureau de comptables de Sept-Îles qu'elle a quitté pour devenir adjointe au programme de soutien à l’ÉASC. Elle a aimé ce travail, plus particulièrement la mobilité qu’il lui permettait d’avoir. Elle papillonnait de classe en classe, côtoyant ainsi presque tous les élèves de l'école.
En fin de compte, Nancy est restée 4 ans à Yellowknife, au cours desquelles elle a donné naissance à sa fille, Léa. En 2012, elle déménage à Dieppe, au Nouveau-Brunswick, avec sa famille. Elle y travaille aussi comme aide-enseignante dans des écoles primaires et secondaires pendant un peu plus d'un an, mais son expérience est différente. Puis, en novembre 2013, coup de théâtre : elle revient à Yellowknife et en janvier 2014, elle reprend son poste d'adjointe, dont elle était en congé sans solde! « Tu peux t'en aller d’Allain St-Cyr, mais ça reste ta famille », avoue-t-elle. Le jour de son retour à l'école, son fils Étienne, tout excité de retrouver ses amis, lui a dit : « Ah, maman, ça fait du bien de revenir à la maison ».
Pendant 5 ans, elle reprend ses fonctions d’aide-enseignante à l’ÉASC retrouvant celles et ceux qu’elle considère comme étant sa seconde famille. « Je trouve qu'on a une bonne équipe! On a beaucoup de plaisir à travailler ensemble! ». En 2019, elle accepte de nouveaux défis en prenant le poste au secrétariat de l’école. « J'avais peur de m'ennuyer des élèves, mais ils viennent jaser à mon bureau! De plus, je continue à m'impliquer, comme je peux, dans les activités avec eux! ». Après un moment, elle se ravise : « Euh, ils venaient jaser ». Rappelant qu'elle a beaucoup moins de contact avec eux depuis quelques semaines.
On sent que sa seconde famille lui manque, mais Nancy garde espoir que les choses reviendront à la normale bientôt. Les élèves qu’elle a côtoyés à la maternelle, en 2008, vont entamer leur 12e année en septembre prochain. De cette classe, avec tout le roulement qu’il y a eu, il reste Amélie Schwartz et Sylvain Rourke. Nancy avoue qu’elle aimerait beaucoup assister à leur collation des diplômes en juin 2021. Elle a surtout hâte de revenir au trafic qu’elle connaît : celui des élèves et de ses collègues qui passent devant son bureau.
[MA1]Cette circulation? Trafic a une connotation négative – Trafic humain, de drogues, etc.
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