Championne de la pédagogie inversée
Par Xavier Lord-Giroux Dans le carrefour de casiers de l’aile secondaire de l’École Boréale, autour d’une table de ping-pong, des élèves parlent à voix basse. Ils se demandent si l’école va être fermée à cause d’un virus qui se propage rapidement dans le sud du pays. Nous sommes le vendredi 13 mars. Dans la classe de Mme Katrine Lavoie, le silence règne alors que les élèves terminent un examen.
Katrine Lavoie est enseignante de mathématiques et de sciences (secondaire) depuis août 2016 à l’École Boréale. Diplômée de l’Université du Québec à Trois-Rivières en enseignement, elle a travaillé pendant 2 ans et demi dans une école du Nord-du-Québec, et pendant quelques mois sur la rive-sud de Montréal avant de traverser le pays vers Hay River et les Territoires du Nord-Ouest.
Avant le confinement, Katrine Lavoie appuyait déjà beaucoup son enseignement sur les plateformes numériques. Après l’école, ses élèves n’avaient aucun devoir à faire. Ils devaient plutôt visionner, sur YouTube, une captation vidéo de leur enseignante donnant un cours magistral devant la caméra. Le jour, en salle de classe, les élèves étaient invités à faire leurs devoirs et à poser des questions à celle qui pouvait le mieux les aider. Cette stratégie d’enseignement s’appelle la « Pédagogie inversée ».
« Si tu n’es pas intense comme moi, tu n’y arriveras pas » affirme Katrine Lavoie avec un sourire amusé.
En effet, ses soirées et ses fins de semaine étaient dédiées à l’enregistrement et à la mise en ligne de ses cours. Cette méthode d’enseignement exige une grande discipline de la part de la pédagogue et des élèves, mais elle fonctionne.
« Je me sens tellement plus efficace en classe et j’ai surtout l’impression de pouvoir m’attarder davantage aux besoins plus spécifiques de chacun. » affirme-t-elle.
Au fur et à mesure que ses élèves lui remettent leurs copies d’examen et qu’ils quittent la classe, sans savoir que ce sera pour la dernière fois de l’année, en lui souhaitant candidement une bonne fin de semaine, Katrine Lavoie les regarde avec bienveillance. Elle ne le sait pas encore, mais, dans les circonstances, elle aura bien préparé ses élèves à l’apprentissage numérique qui sera généralisé à toutes les matières pour les mois qui suivront. Au fond, le seul désagrément pour ses élèves est qu’ils devront dorénavant faire leurs devoirs à la maison.
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